Jeudi 29 Septembre - Villefranche-sur-Saône : il se tranche le sexe

Publié le par Sam Fisher

Automutilation. Placé à l’isolement en détention provisoire pour des problèmes de stupéfiants, il a pu être secouru. Une enquête est en cours pour expliquer un acte hors normes

Le détenu était placé au quartier disciplinaire de la maison d’arrêt dans une cellule individuelle / Photo archives Richard Mouillaud

 

De mémoire de « taulard » ou de « maton », on ne se souvient pas d’un tel geste. Mardi à 15 h 30, des surveillants de la maison d’arrêt de Villefranche-sur-Saône effectuent dans les différents bâtiments des distributions de plaquettes hygiéniques.

 

En poussant la porte d’une cellule où se trouve un seul détenu au quartier disciplinaire, leurs regards se fixent sur des traces de sang qui maculent le sol. L’homme est particulièrement agité et il faut le ceinturer pour prendre la mesure du drame qui vient de se dérouler. Ce prisonnier d’origine turque, placé sous un mandat de dépôt provisoire dans l’attente de sa comparution devant la justice pour des problèmes liés aux stupéfiants, s’est tranché une partie assez conséquente du sexe. Probablement avec une lame de rasoir entrée illégalement.

 

Aux fonctionnaires estomaqués, il aurait désigné la cuvette des toilettes, elle-même souillée de sang. Maîtrisé et maintenu avant l’arrivée de pompiers par un point de compression, il est aussitôt transféré à l’hôpital Lyon Sud, où se trouve une unité spécialisée. Ses jours ne sont pas en danger. Averti par la direction de l’administration pénitentiaire, le parquet a, mardi en fin d’après-midi, confié une enquête au commissariat de police de Villefranche-sur-Saône en vue de « recherches des causes de blessures graves ». Comprendre ses motivations, la manière dont les choses se sont passées avec cette question parmi d’autres : pourquoi l’individu signalé sur sa fiche d’entrée comme « suicidaire » s’est-il retrouvé dans une situation telle que l’irréparable aurait pu être commis ? Quels liens avait-il avec sa famille et éventuellement son avocat ? Son audition sur son lit d’hôpital doit être de nature à apporter des éléments de réponse. Notamment sur la manière dont il a pu se procurer la lame de rasoir.

 

Hélène Dubost, psychologue, qui depuis de longues années fréquente aussi bien la cour d’assises, où elle est experte, que les maisons d’arrêt de la région, avoue être étonnée par un tel acte, « qui demeure exceptionnel dans sa dimension intime mais aussi dans l’expression de son passage à l’acte ». Pour elle qui demeure prudente, l’événement est extrêmement rare et seuls « des éléments biographiques » seraient de nature à tenter à expliquer ce « qui doit être en lien avec sa propre histoire car on est là au cœur de l’intime, de la masculinité et de l’identité ».

 

Peu de statistiques concernent les actes d’automutilation en prison parce qu’ils sont souvent considérés comme des appels aux secours, des incidents de détention ou des manquements à la discipline. Les dernières enquêtes font toutefois état de 2 000 cas par an, selon un rapport rendu dernièrement au Sénat. Dans 90 % des cas, les effets enregistrés concernent des phlébothomies (plaies par scarification), et très loin derrière, se trouvent les automutilations par ingestion de corps étrangers (4,2 %) et par absorption de produits toxiques (2,2 %). Quant aux causes, elles se répartissent entre rupture familiale, intolérance à l’incarcération ou au climat relationnel de la détention. A noter que les prisonniers ayant mis fin à leurs jours ont été à un moment considérés comme automutilateurs.

 

Le Progrès...

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