Samedi 20 Août - Gilles Patron incarcéré à Nantes

Publié le par Sam Fisher

Gilles Patron, le père d’accueil de Laëtitia, victime médiatique, est devenu mercredi un suspect tout aussi célèbre. À Nantes, la prise en charge de ce prisonnier pas comme les autres ne va pas de soi.

 

 

À la maison d’arrêt de Nantes, un détenu pas comme les autres

 

« Les collègues du service de probation sont pro et font leur boulot. Mais ça n’est quand même pas simple pour eux. Comment oublier que c’est Gilles Patron, justement, qui les a critiqués cette année ? » Confidences inquiètes d’Alexis Grandhaie, de la CGT pénitentiaire, hier.

 

La maison d’arrêt de Nantes, 385 détenus pour 290 places. Gilles Patron est arrivé là mercredi, à la stupéfaction du personnel pénitentiaire.

 

 

Détenus, personnel pénitentiaire, travailleurs sociaux de la maison d’arrêt de Nantes… Tous ou presque, avant son arrivée en détention, mercredi, connaissaient le visage de cet homme de 61 ans. Et pour cause : depuis la disparition de Laëtitia, en janvier, Gilles Patron s’est exprimé à maintes reprises face micros et caméras.

 

 

Pour tout le monde à ce moment-là, il est l’homme sans défaut, le père d’accueil détruit par l’annonce, bientôt, de la mort de cette jeune fille que sa famille hébergeait depuis 2005. Puis par la découverte de son corps, mutilé. Tony Meilhon, son meurtrier présumé, est écroué depuis.

 

 

Gilles Patron était alors LA victime. Celui-ci qui avait été reçu à deux reprises par Nicolas Sarkozy. Celui qui avait pris la parole devant la foule des manifestants du monde judiciaire. Toujours lui, le jour de la marche silencieuse d’hommage, qui déclarait : « Aujourd’hui, nous ne sommes plus dans l’attente mais dans la révolte. Le cas de Laëtitia n’est pas isolé. Je n’arrive pas à comprendre pourquoi ces délinquants sortent de prison. » Le jour des obsèques, il avait notamment proposé la mise en place « de surveillances réelles, efficaces ».

 

 

Les Services pénitentiaires d’insertion et de probation (SPIP) et les magistrats étaient alors dans le collimateur du gouvernement. Le président avait promis des sanctions pour les responsables des « dysfonctionnements » : Tony Meilhon, sous le coup d’une mise à l’épreuve, n’avait jamais été suivi par le SPIP. Des enquêtes ont démontré depuis que, faute de moyens, il avait fallu faire l’impasse sur son dossier. Un détail que la Chancellerie n’ignorait pas, et avait même validé.

 

 

« Les détenus sont en ébullition »

 

 

Pendant des mois, les menaces élyséennes ont très lourdement pesé sur les salariés du SPIP. Arrêts maladies, tensions politiques et médiatiques énormes. À cause de l’affaire Meilhon, plusieurs professionnels de la maison d’arrêt ont eu peur de perdre leur emploi. Et leur honneur.

 

 

Comment se comporter aujourd’hui face à Gilles Patron, l’ex-victime devenu suspect ? Depuis mercredi, l’homme est incarcéré après sa mise en examen pour agressions sexuelles et viols sur la sœur jumelle de Laëtitia. Et sa présence à la maison d’arrêt de Nantes pose d’autres problèmes.

 

 

« Tony Meilhon a passé beaucoup de temps en détention, il a pas mal de copains ici qui ne sont pas très contents après Gilles Patron, fait observer Alexis Grandhaie. Il n’a pas subi d’agressions, mais ça cause, c’est tendu, les détenus sont en ébullition. » Pas facile, dit-il, d’assurer la sécurité du mis en examen dans cette « prison surpeuplée datant de 1865 », et qui fermera en mai.

 

 

D’autant moins facile que depuis trois jours, l’homme fait les JT du 20 h. « Personne ne peut ignorer pourquoi il est là. Pour ses codétenus, c’est un pointeur (un violeur), et les pointeurs sont souvent l’objet de violences. » Pourquoi ne pas le mettre à l’isolement ? « Il est dans le quartier des arrivants, avec un autre détenu. En cellule individuelle, on ne pourrait pas le surveiller 24 heures/24. » Ce qui est la règle dans les affaires de mœurs.

 

Après avoir été mis en examen à Nantes, Gilles Patron a été logiquement incarcéré dans la maison d’arrêt du département : « C’est la règle, explique Yves Gambert, procureur-adjoint. On peut y déroger dans des cas particuliers. » C’est au juge d’instruction d’en décider, en ordonnant un transfert. Cas particulier ? L’expression pourrait bien convenir au détenu Gilles Patron.

 

 

Agnès CLERMONT.

 

+ VIDÉO. Le père d'accueil de Laëtitia mis en examen pour viol+ VIDÉO. Quand Gilles Patron parlait de la soeur de Laëtitia à nos journalistes

 

Ouest-France...

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