Vendredi 8 Avril - La famille du détenu veut porter plainte

Publié le par Sam Fisher

Julien avait 28 ans. Il s'est pendu dans sa cellule de Saint-Martin. Sa famille accuse l'administration pénitentiaire d'indifférence.

 

"Depuis quelques mois, ça n'allait plus du tout. La dernière fois qu'on l'a vu au parloir, il pleurait, il tremblait, il n'arrivait pas à aligner deux mots. On a alerté la direction, elle n'a rien fait."

 

Julien est mort dans la nuit du 28 au 29 mars. Il s'est pendu dans sa cellule de la centrale de Saint-Martin-de-Ré où il était incarcéré depuis l'automne dernier. Dépressif et suicidaire, selon ses proches, il ne recevait pas de soins psychiatriques mais il était suivi par un psychologue. Sa famille envisage de porter plainte. Elle accuse l'administration pénitentiaire d'avoir failli à sa mission en restant sourde à ses appels au secours. « Ce qui est arrivé était prévisible, affirme son frère. C'est la prison qui l'a tué. »

 

 

Bricoles

 

 

Julien avait 28 ans et une vie cabossée. Un « enfant de la DDASS ». Abandonné à 7 ans avec ses deux frères, trimballé de foyer en foyer, il a basculé très jeune dans la délinquance. « Des conneries, il en a fait, et moi aussi, confesse l'aîné. Mais que des bricoles. » Jusqu'à ce jour de juillet 2006 à Agen quand une énième « bricole » tourne mal.

Interpellé dans une voiture volée, le jeune homme tente de s'enfuir. Il est rattrapé, une bagarre s'engage et, dans la mêlée, Julien réussit à s'emparer de l'arme d'un policier. Un coup de feu part. Personne ne sera blessé.

 

 

 

« Il se sentait en danger »

 

 

En 2007, le tribunal correctionnel d'Agen condamne Julien à sept années d'emprisonnement ferme. Incarcéré au centre de détention de Neuvic (Dordogne), il en prend quatre de plus pour des violences sur un surveillant. D'où son transfert à Saint-Martin-de-Ré.

« Tout s'est dégradé ces six derniers mois, poursuit le frère. Il se sentait en danger, il disait qu'il avait peur. De quoi ? Je n'en sais rien. Mais il avait demandé à être transféré dans un autre établissement. »

 

Julien avait été placé à l'isolement après une altercation avec un surveillant. « Il voulait y rester, il ne voulait pas retourner en détention, il craignait pour sa sécurité. Mais ils l'ont remis dans sa cellule. »

 

 

La famille autrefois désunie s'est ressoudée autour du cadet. « On lui écrivait, on lui envoyait de l'argent, on venait le voir. Ma mère a écrit à deux reprises au ministre de la Justice pour l'alerter sur ses conditions de détention. Elle n'a reçu aucune réponse. »



Si la mère et les deux frères de Julien veulent déposer plainte, « c'est pour savoir précisément ce qui s'est passé ». « La direction ne nous a fourni aucune explication. Elle nous a traités comme des moins que rien. Maintenant que Julien est mort, ce n'est plus son problème. On a eu les pires difficultés pour réunir les 3 500 euros nécessaires au rapatriement du corps et à son inhumation. »

 

Les obsèques de Julien sont prévues en début de semaine prochaine dans la commune de la région parisienne d'où il était originaire.

 

 

Dans un rapport rendu public récemment, les services du Contrôleur général des lieux de privation de liberté avaient pointé les difficultés de prise en charge des détenus souffrant de troubles psychiatriques à Saint-Martin-de-Ré. Faute de moyens (« Sud Ouest » du 19 mars).



Sud Ouest...

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